À l’instar des grandes catastrophes naturelles ou des secousses telluriques, les grands événements géopolitiques prennent toujours le monde au dépourvu. Personne n’avait vu venir l’ouverture soudaine du mur de Berlin en 1989, l’effondrement bru- tal de l’Union soviétique en 1991, l’invasion du Koweït par Saddam Hussein dans l’été 1990 ni l’attaque terroriste sur les Twin Towers le 11 septembre 2001. Chacun de ces événements a retenti comme un coup de tonnerre, et pris de court gouvernements, appareils diplomatiques ou services de renseignement. Sans doute ont-ils tous été le produit d’un lent travail souterrain, fréquemment analysé avec pertinence par les experts, mais dont l’aboutissement, toujours abrupt, a infailliblement surpris.